From Abena to Gloria

Los Angeles, Londres, Berlin... ils souhaitent tous rencontrer le sol des grandes villes de l’Ouest... New York, Londres, Amsterdam... moi aussi je l’ai souhaité. Jeunes, Papa et Maman ont eux aussi fantasmé sur ces villes pendant que le vinyle de Highlife tournait à Kumasi. Accéder à la prospérité ? C’était le plan. Mais tout ne s’est pas exactement passé comme prévu.

Elle a dit « Ah bon ? c’est la fille qui part et le papa qui reste ? C’est le monde à l’envers ! » oui, c'était bien l'inverse. J’ai pris le RER B jusqu’à CDG, Terminal 1, direction Accra, seule. Alors From Gloria to Abena ? From Gloria to Abena. Sous les trente degrés quotidiens en plein milieu du mois de janvier, j’ai souhaité toucher le sol des villes proches de la ligne équatoriale un peu plus longtemps, un peu plus souvent. J’ai rencontré des jeunes de mon âge, plus connectés que jamais, qui en plus de parler Twi et anglais parlaient chinois. J’ai observé les passants du Accra Mall qui préféraient acheter du Wax Made In Africa plutôt que de lâcher les cédis chez le géant hollandais. Et pour finir, j’ai tremblé sur la moto qui se faufilait dans la brousse à dix kilomètres de la frontière avec la Côte d’Ivoire.

Mes parents sont ghanéens et je n’étais pas allée au Ghana depuis treize ans. Après autant d’années, j’étais très curieuse de voir comment le pays avait changé. Abena et Gloria sont les deux prénoms de ma mère. Abena signifie Mardi, le jour de sa naissance. Gloria, son deuxième prénom est le prénom « officiel » celui qui est marqué « sur les papiers ». From Abena To Gloria est donc une métaphore de mon voyage : From Ghana to France. C’est ma vision du Ghana que j’allais montrer à mes amis et ma famille à mon retour. Ce n’est pas une série photo qui raconte quelque chose, il n’y a pas vraiment de démarche artistique. Je la définis plutôt comme un travail documentaire pour moi-même.